70 ans après Diên Biên Phu

Hommage aux soldats oubliés de la guerre d’Indochine

70 ans après Diên Biên Phu : Hommage aux soldats oubliés de la guerre d’Indochine

Le 7 mai 1954

Notre pays commençait à peine à partir de l’été 1945 à panser les plaies de la Seconde Guerre mondiale, que dès 1946 il se trouvait embarquer dans un nouveau conflit en Extrême-Orient. Au gré des tergiversations des dirigeants politiques de la 4ème République, mais du fait également des choix plus qu’hasardeux des chefs militaires, la guerre d’Indochine trouve son épilogue avec l’affrontement qui, du 13 mars au 7 mai 1954, oppose les troupes de l’Union Française aux forces du Viêt Minh dans la plaine de Diên Biên Phu. La défaite française entraîne le 21 juillet la signature contrainte des accords de Genève qui scellent l’armistice et qui voit la France quitter la partie nord du Viêt Nam suite à la partition du pays de part et d’autre du 17ème parallèle. 

L’opinion française s’est largement désintéressée de la guerre d’Indochine, devenue au fil des ans de plus en plus impopulaire, et de ce fait souvent qualifiée de « guerre oubliée ». Les 8 années de conflit feront 83 000 victimes parmi les combattants de l’Union Française (dont 28 000 Indochinois). Parmi eux, le caporal légionnaire Georges Viguier, qui décède de maladie à 21 ans le 12 septembre 1947, et le brigadier-chef Henri Metrard, qui décède à 26 ans des suites de ses blessures le 1er mai 1954. Les corps de ces deux militaires, qui se sont vus chacun attribuer la mention « Mort pour la France », ont été rapatriés du Tonkin, et ils reposent au sein du carré militaire dans le cimetière de Fontenay-aux-Roses (vous pouvez consulter leur portrait dans notre rubrique « Portraits de Fontenaisiens »).

La journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » en Indochine, instituée par le décret du 26 mai 2005, correspond au jour de l’inhumation du Soldat Inconnu d’Indochine le 8 juin 1980 à la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais). Le 8 juin 2024, nous honorerons le souvenir de Georges Viguier et de Henri Metrard à l’occasion de la cérémonie organisée devant le Monument aux Morts de Fontenay-aux-Roses (où le nom de chacun d’eux n’est pas gravé).

D. Lavorel

 

Veuillez nous pardonner pour la qualité des images. Nous vous présenterons une meilleur visualisation dans quelques temps.

Nous agissons auprès de l’administration pour que les noms apparaissent sur le Monument au Morts

Le Comité du Souvenir Français Fontenay-aux-Roses

10 Place du Château Sainte-Barbe 92260 Fontenay-aux-Roses

+33 664362856

contact@le-souvenir-francais-fontenay-aux-roses.fr

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Henri METRARD (1928-1954)

Henri METRARD (1928-1954)

En 1954, l’armée française livrait, au cours de combats acharnés à Diên Biên Phu, sa dernière bataille majeure en Indochine. Alors que s’ouvre la conférence internationale de Genève, cette défaite précipite la fin de la guerre et celle de la présence française dans la région.

Henri Metrard est décédé le 1er mai 1954 lors de la guerre d’Indochine, il avait 26 ans.

Henri Metrard est né le 1er juin 1928 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Militaire, matricule au corps : 735.

Il est mortellement blessé lors de la guerre d’Indochine alors qu’il sert au sein de la 11ème Compagnie Moyenne de Réparation du Matériel (CMRM).

 

Le brigadier-chef Metrard décède des suites de ses blessures le 1er mai 1954 à l’hôpital « Médecin-Lieutenant Ciais » à Haiphong au Tonkin.

Mention « Mort pour la France ».

Son nom est inscrit sur le « Monument aux Morts » de Saint-Aubin d’Aubigné (Ille-et-Vilaine), ainsi que sur celui de l’arme du Matériel qui se trouve dans l’enceinte des Ecoles Militaires de Bourges (Cher).

Initialement inhumé au Cimetière de la Conquête à Haiphong (Vietnam), son corps est rapatrié en France ; il repose dans le carré militaire du cimetière de Fontenay-aux-Roses.

Sources :

Le Comité du Souvenir Français Fontenay-aux-Roses

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Georges VIGUIER (1926-1947)

 

Georges Viguier nait le 5 septembre 1926 à Bessan dans le département de l’Hérault, arrondissement de Béziers. En ce temps-là, au cœur de la Troisième République, les gouvernements se succèdent : Aristide Briand est renversé au profit d’Edouard Herriot, qui va bientôt devoir céder sa place à Raymond Poincaré, qui rétablit l’économie et la confiance des Français. C’est aussi un temps où enfin les puissances se mettent d’accord sur les dettes de guerre, que ce soit avec l’Angleterre ou avec les Etats-Unis. Des traités d’amitié se signent. C’est notamment le cas avec la Roumanie. Et notre empire colonial semble enfin stabilisé. Pour des générations et des générations. Quelques clairvoyants, et au premier titre il convient de citer le maréchal Lyautey, mettent néanmoins en garde pour un juste partage des richesses et un équilibre politique.

 

 

Georges Viguier quant à lui n’a peut-être que faire de ces considérations politiques. Ses parents sont montés sur Paris. Il suit avec les bagages ! Jeune adolescent, il découvre la Région parisienne sous commandement allemand. Il n’hésite pas – à 18 ans – à faire partie de ses jeunes français qui s’engagent dans la Résistance et œuvrent pour la libération de la capitale. Il suit le mouvement pour « la durée de la guerre » selon la formule consacrée. Il reçoit la Médaille Commémorative 39-45 Agrafe « Barricades ».

Puis c’est l’engagement dans la Légion étrangère. Il verra du pays – c’est promis dans les affiches de propagande – et la solde sera tout à fait appréciable par rapport à ce qu’il pourrait gagner en tant qu’ouvrier.

 Il intègre la Légion étrangère (matricule 23467) et la prestigieuse 13e demi-brigade au sein du 2e bataillon.

Situation en Indochine.

La guerre d’Indochine a commencé en décembre 1946 après le bombardement du port d’Haiphong par la marine française. Marine qui ne faisait que répliquer aux attentats répétés du Vietminh et ses velléités d’indépendance. Ce bombardement n’arrangeant rien d’ailleurs puisque dans la foulée Hö Chi Minh – en tant que leader du Vietminh – donne l’ordre de massacrer le plus d’Européens possible, Français en particulier, et de piller les maisons. « Que celui qui a un fusil se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée… Que chacun combatte le colonialisme ».

Le Vietminh n’a pas encore le soutien de l’URSS et de la Chine (ce sera en 1949). Aussi, aguerrie dans la guerre du peuple, l’armée populaire vietnamienne se fonde sur la mobilité et la dispersion. Il s’agit là de la théorie du tigre face l’éléphant : « Le tigre est tapi dans la jungle. Il va harceler l’éléphant figé qui, peu à peu, va se vider de son sang et mourir d’épuisement », ajoute Hô Chi Minh. De fait, les soldats communistes se permettent de refuser ou d’accepter le combat. Ils ont l’initiative et les Français du corps expéditionnaire sont généralement en retard et doivent subir. Les coups de main succèdent aux attentats, qui font place aux kamikazes…

La 13e DBLE en Indochine

Désignée pour faire partie du Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient (CEFEO), la 13e DBLE débarque du SS Ormonde le 6 février 1946 à Saigon, et s’installe au nord de la ville, dans le triangle Gia Dinh – Thu Duc – Hoc Man.

Les opérations commencent. Le 19 juin 1946 a lieu le premier combat à Mat Cat, en Cochinchine. La 13 est alors engagée des frontières du Siam jusqu’à Tourane, en passant par la plaine des Joncs. Ses bataillons sont éparpillés :

  • Le 1erbataillon s’installe au Cambodge, à la poursuite de Khmers qui se réfugient au Siam.
  • Le 2ebataillon installe son camp au centre Annam afin de défendre Tourane, dégager Hué et surveiller Quang Nam.
  • Le 3ebataillon doit quant à lui affronter les durs combats de Cochinchine, où les embuscades quotidiennes alternent avec des actions de force.

La 13e DBLE participe à de nombreuses opérations et bien souvent y laisse bon nombre de  combattants.

Pendant le séjour de Georges Viguier, plusieurs histoires arrivent et se racontent de bivouac en bivouac :

  1. Le 29 septembre 1946, l’interprète vietnamien du poste de Trunq Chan mélange du datura (hautement toxique) aux aliments : 47 légionnaires sont dans le coma, mais huit autres ont heureusement préféré prendre une douche avant le repas. Voyant l’état de leurs camarades, ils demandent des secours et préviennent ainsi l’attaque.
  2. Un an plus tard, le 19 août 1947, encore une séance d’empoisonnement collectif au poste de Ben Muong. Forts de l’expérience précédente, les ennemis coupent les fils du téléphone et mettent le datura dans le café. Mais un sergent et quatre légionnaires n’ont pas eu le temps d’en boire lorsque l’attaque se déclenche. L’un d’eux traverse inaperçu les lignes ennemies tandis que les autres tiennent tête aux 150 assaillants, pas trop mordants, il est vrai, car ils sont convaincus qu’ils n’ont qu’à attendre pour vaincre sans pertes. Quelques heures plus tard les renforts arrivent et les attaquants deviennent assiégés.
  3. Le 24 avril 1947, la sentinelle du poste « Franchini » voit arriver un groupe de soldats français poussant devant eux un prisonnier ligoté. La sentinelle les laisse pénétrer dans le poste, mais à l’intérieur, sur un signe du soi-disant prisonnier, ils ouvrent le feu, tuant les sept légionnaires et quatre partisans de la garnison.

 Mais le caporal Georges Viguier n’en verra pas beaucoup plus. Comme bon nombre de ses camarades, il souffre de maladies. Dans un long article sur la guerre d’Indochine, François Goetz (*) indique : « En zone tropicale la dysenterie amibienne, le paludisme, le typhus sont omniprésents. Les conditions du combat ne favorisaient pas l’application des mesures d’hygiène préventives. Dans les rizières et dans la brousse pullulent les parasites, les marches de nuit vous offrent aux piqûres des moustiques. Les premières années de guerre, les moyens médicaux furent insuffisants. Dans quelques bataillons, le médecin-chef distribuait la liste des médicaments de base, en incitant les cadres à se les faire envoyer par leur famille. »

 Le caporal légionnaire Georges Wilhelm Viguier meurt de maladie au Tonkin à l’hôpital militaire de Tourane le 12 septembre 1947. Son corps est rapatrié auprès de sa famille à Fontenay-aux-Roses.

 Mention « Mort pour la France ».

Titulaire de la Croix de Guerre, de la Médaille Coloniale, de la Médaille d’Engagé Volontaire, de la Médaille Commémorative 1939-1945 avec agrafe Barricades.

Il repose au cimetière de Fontenay-aux-Roses.

Sources :

Le Comité du Souvenir Français Fontenay-aux-Roses

10 Place du Château Sainte-Barbe 92260 Fontenay-aux-Roses

+33 664362856

contact@le-souvenir-francais-fontenay-aux-roses.fr

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