La plus vieille association mémorielle de France (1887)

Le Souvenir Français est créé en 1887 par François-Xavier Niessen. Originaire d’Alsace, François-Xavier Niessen s’est installé à Neuilly-sur-Seine quelques années avant la guerre de 1870. Il y exerce la profession de précepteur. Il reste très lié à la communauté alsacienne lorraine qui se développe de manière très importante après 1871 à Paris. Il crée en 1873 la Société de prévoyance et de secours mutuelle des Alsaciens-Lorrains. Il en sera le secrétaire général jusqu’à son décès en 1919. Parallèlement, il élargit ses centres d’intérêt à la sauvegarde de la mémoire des combattants de 1870. A cette date, cette sauvegarde est assurée par deux structures,  l’Etat, qui par la loi du 4 avril 1873 a encadré la création d’ossuaires et de tombes, et une association catholique « l’Œuvre des tombes et des prières ».

Créée par le père Joseph,  cette association construit des monuments et des stèles en Allemagne pour sauvegarder la mémoire des prisonniers de guerre français et en France, en particulier en Alsace Moselle et dans la région parisienne. Elle organise de nombreuses messes en hommage aux combattants.

Entre les gouvernements républicains et l’Œuvre, les relations vont se tendre dans un contexte de mésentente entre l’Eglise et la République.

En 1906, les relations entre le gouvernement et Le Souvenir Français s’approfondissent. Le Souvenir Français est reconnu d’utilité publique. La même année, le général Picart, ministre de la guerre du gouvernement Clemenceau réunit à Paris, François-Xavier Niessen et Auguste Spinner afin de favoriser la création de comités du Souvenir Français en Alsace-Moselle. Avec l’accord des autorités allemandes, Le Souvenir Français « prend pied » dans les territoires annexés. Un homme, Jean-Pierre Jean, incarne cette politique qui va connaître son point d’orgue le 4 octobre 1908 lors de l’inauguration du monument de Noisseville et le 17 octobre 1909 lors de l’inauguration de celui de Wissembourg. L’intense activité « pro-française » que révèlent ces deux cérémonies inquiète les autorités allemandes confrontées au développement de « l’esprit de Revanche ». En janvier 1913, Le Souvenir Français est interdit en Alsace-Moselle quelques mois avant l’éclatement de la Première Guerre mondiale.

Pendant cinq années, Le Souvenir Français est dans l’impossibilité d’accéder aux tombes des combattants sur les champs de bataille. Les comités s’investissent dans l’organisation de cérémonies dans tous les cimetières communaux autour de la Toussaint et lancent la création d’associations relais tant pour aider les familles endeuillées, que pour fleurir les tombes des combattants morts dans les hôpitaux de l’arrière. C’est à l’occasion de l’une de ces cérémonies que Francis Simon demande au gouvernement le transfert d’un Soldat Inconnu au Panthéon.
La victoire de 1918 rend accessible les tombes des combattants. Les comités du Souvenir Français y apposent alors des cocardes tricolores qui permettent à ces tombes provisoires de s’inscrire pleinement dans l’histoire nationale.